mardi 1 novembre 2016
COURRIEL
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L’affaire de la messagerie électronique d’Hillary Clinton aura donc empoisonné la campagne présidentielle américaine jusqu’au bout puisqu’on vient d’ouvrir une nouvelle enquête qui mettrait en cause une de ses collaboratrices qui a peut-être envoyé des courriels sur une messagerie non sécurisée, ou en tout cas pas assez. Des courriels qui, peut-être, ont un rapport avec des messages confidentiels, etc.
Voilà des questions qu’on se pose, à propos de quoi ? Des mails, des e-mails et des courriels d’Hillary Clinton et de Huma Abedin qui est le nom de sa collaboratrice.
Alors, je viens d’utiliser le mot courriel qui est le mot le plus français dont on dispose pour identifier ces messages. Il s’agit d’un mot valise, qui a été construit comme une condensation à partir de deux mots : courrier / électronique. On prend la première syllabe de chacun des termes.
C’est un mot excellent qui est né au Québec autour de 1990, et que les Français empruntent parfois au Québécois. Mais chez beaucoup de francophones un peu partout autour du monde on a gardé l’anglicisme « mail ». Quand la chose était encore très neuve, l’anglicisme était encore plus proche de l’anglais : on parlait d’e-mail, « e » étant l’initiale de l’adjectif « électronique » qu’on prononçait à l’américaine, plus ou moins à l’américaine. Mais la deuxième partie du mot est prononcé de façon relativement française, sans diphtongue. Ça atteste le mot comme étant relativement français même si bien sûr il a ce concurrent qui lui parait préférable : courriel.
Mais attention, quand on dit « mail » on a gardé quand même dans cette prononciation un souvenir de l’origine anglo-saxonne. Parce qu’on a un vieux mot en français qui s’écrit m-a-i-l, c’est-à-dire exactement de la même façon et qu’on prononce un mail. Qu’est-ce que c’est qu’un mail ? Une sorte de marteau pour jouer au croquet : on pousse les boules avec un mail. Un mail, c’est aussi une allée plantée d’arbres. Vous allez dire que le mot n’est pas très utilisé : c’est tout à fait vrai. On l’entend encore dans des toponymes, dans des noms de lieu, des noms d’adresse.
Revenons à notre communication électronique : on parle en général de mail. Et d’ailleurs pour ne pas avoir l’air de donner des ordres de façon trop impérieuse, on abandonne volontiers le mail au profit du petit mail. On ne dit pas « envoie-moi un mail » mais plutôt « envoie-moi un petit mail ». On minimise ainsi la demande et on n’a pas trop l’air de donner des ordres. Revenons pour terminer à notre courriel : est-ce qu’il faut recommander le mot ? Oui bien sûr. Tout en se rappelant que le mot a été formé de façon tout à fait intentionnelle. C’est un mot savant qu’on entend dans l’administration, ou chez des gens très soucieux de ne pas angliciser leur langue.
Le mot courriel n’est pas vraiment rare. Il n’est pas non plus extrêmement fréquent.
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