SENTIR

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– magazine d'Yvan Amar sur RFI

SENTIR

Podcast mis en ligne le 07/06/2017

Thomas Pesquet, l'astronaute, enfin, je dis «l'astronaute», peut-être que je devrais dire «le spationaute», parce que c'est le mot qu'on utilise pour les Français. Astronaute, on pense à desAméricains, cosmonaute, on pense à des Russes, c'est un usage, ce n'est pas une règle, hein?

Donc, Thomas Pesquet, il est revenu sur Terre, après six mois passés dans l'espace, et on l'a interrogé sur ce qui lui avait le plus manqué. Eh bien, il a pudiquement répondu qu'il était bien content de retrouver les odeurs de notre bonne vieille Terre: l'odeur de l'air frais, de l'herbe mouillée, toute une sensorialité qui avait été un peu éteinte et qui retrouvait ses aliments.

Et cela commence par l'odorat, donc, l'un de cinq sens par lesquels traditionnellement on

considère qu'on a un accès au réel, les autres étant la vue, l'ouïe, le toucher, le goût. Donc on aun mot pour chacune de ces aptitudes qui nous aident à appréhender le monde extérieur. C'est chaque fois une expérience différente, aucune n'est indispensable à la vie, mais pourtant elles contribuent à notre connaissance du monde à travers une sensation.

Et, justement, le mot sensation, c'est celui qui correspond à l'expérience qu'on fait par l'un de nos sens. Alors, on a donc l'odorat, pour le nez, on a aussi l'olfaction, un mot plus rare, plus technique, qui désigne spécialement la fonction de sentir.

Alors, qu'est-ce qu'on fait avec notre odorat? On sent, on vient de le dire; mais ce verbe sentir a des usages multiples avec, d'ailleurs, une particularité qui est de s'appliquer aussi bien a ce qui dégage une odeur qu'à la personne ou l'animal qui est capable de sentir cette odeur. «Hum, j'ai senti une délicieuse odeur de poulet rôti!» Mais, de l'autre côté, on va dire «Attention! ce poulet rôti, il sent délicieusement bon.» Et d'ailleurs, dans cet emploi le verbe est tout à fait neutre, hein? Les odeurs, c'est très subjectif, certaines sont agréables, d'autres, insupportables.

Eh bien, on peut dire que le poulet sent très bon, mais on peut dire également que ce poisson, par exemple, «Il sent un peu fort, il sent pas très bon, il vaudrait mieux le jeter.»

En revanche, d'autres verbes que sentir ont un usage qui les rend positifs ou négatifs. Puer, par exemple, ça veut dire sentir mauvais. Et on est tellement sensibles aux mauvaises odeurs, elles incommodent tellement que le rejet qu'elles suscitent a été contagieux: le verbe puer, aujourd'hui, il semble tout à fait familier, on l'évite, on trouve plus élégant de dire «Ça sent pas très bon».

Et, de l'autre côté, on a le verbe embaumer qui a aussi un usage un petit peu restreint, parce qu'il est reservé à des odeurs naturelles. Qu'est-ce qui embaume? Ben, les roses, les

magnolias, les fleurs, quoi. Et les parfums aussi qui, d'ailleurs, sont souvent d'origine florale, ils embaument sans problème.

Et notre poulet rôti, alors? Eh bien, non, lui, il n'embaume pas, il sent bon, c'est déjà bien, mais c'est tout.